En effet, affirme le « Père SOFFO », les sorciers forment une confrérie organisée, les uns provoquant le mal ou la peur en un sujet, et les autres guérissant du mal ou rassurant les sujet, au prix d'une forte récompense qui revient au groupe ou mieux à la confrérie ; l'action de l'anti-sorcier consiste donc à soustraire l'ensorcelé de l'emprise de ses confrères, le mettant sous son couvert, en le faisant un de ses protégés ; les attaques sorcières sont ainsi suspendues, mais on n'est pas délivré des sorciers, la liberté première n'est pas retrouvée puisque la protection dont on jouit à l'ombre de l'anti-sorciers demande qu'on remplisse des conditions, qu'on suive certaine règles et respecte un certain nombre d'interdits.
A la différence des charlatans, c'est comme cela qu'agissent les anti-sorciers ; ils aliènent l'homme, le possèdent. Le « Mani Sie » est un genre spécial d'anti-sorcier. Ces femmes sont très rependues en pays Bamiléké où elles sont vénérées comme des envoyées de Dieu, parce qu'elles dénoncent les sorciers, proposent des soins aux malades et délivrent des esprits mauvais. Quelle n'a donc pas été notre surprise en entendant le « Père SOFFO » qui est originaire de cette région de l'ouest et donc est supposé connaître l'avis ; général et traditionnel à ce sujet, parler des « mani sie » avec dédain et horreur.
En effet, dit-il, ces femmes incarnent le diable dans son jour le plus dangereux qu'est la ruse ; sous le couvert des œuvres bonnes, ces femmes divisent les familles en prétendant dénoncer les sorciers, elles proposent des objets pour se protéger et conseillent la pratique des sacrifices aux idoles, elles passent les enfants à des épreuves redoutable qui les traumatisent toute leur vie durant, disant que ces enfants sont des sorciers, avec autant de maux à leur charge, comment prétendre qu'elles viennent de Dieu et le servent ?Dieu ne divise pas, il conseille le pardon qui est la base de toute entente ; il n'y a pas d'objets de protection autre que Dieu lui-même, pour celui qui vient de Dieu ; de même il n'y a pas d'autre sacrifice que le sien, adressé à lui-même ; et quoi de plus abominable que le martyre des enfants, ces enfants que les forces du mal ou mieux le démon peut manipuler, mais qui en eux-mêmes sont candides et qu'il suffit de confier à Dieu, au lieu de les malmener sous prétexte qu'on voudrait enlever leur pouvoir de sorcier !Que retenir de notre rencontre avec le “père SOFFO“, de son vrai nom WAMBO JEAN-ERNEST ?
D'abord et surtout sa conviction qu'avec Dieu et Dieu seul, l'on peut venir à bout de toutes les preuves et toutes les forces du mal en présence dans le monde. Dieu utilise à ces fins des intermédiaires extraordinaires ou des moyens normaux que peuvent être les médecins, les médicaments, etc... pourvu que tout cela soit utilisé en référence à lui seul maître ; c'est cela la preuve de la foi-confiance sur laquelle notre homme revient toujours avec insistance quand il parle à la foule qui est suspendue à ses lèvres. Il en ressort en fin de compte que ce n'est ni lui, ni l'eau qu'il bénit qui soigne, mais le degrés de foi de chacun ; vu la rapidité avec laquelle la bénédiction d'eau est faite, il nous semble que c'est à tord qu'on parle de séance de bénédiction d'eau : on parlerait de séance de catéchisation et de prière pour mieux traduire et signifier la chose. L'ennemi redoutable c'est le diable, surtout dans ses formes détournées ou il agit en empruntant le nom de Dieu et en présentant des façades de bienveillance, ce qui ne manque pas de fourvoyer beaucoup d'hommes. Aussi Mr WAMBO juge important de passer aux cribles d'une vérification minutieuse tous ceux qui se disent envoyer par Dieu ou prétendant agir en son nom ; leur parole et leur comportement finissent toujours par préciser leur identité réelle envoyant à Dieu par le bien qui les accompagne ou au diable qui ne veut que détruire, diviser, détourner de Dieu. Pour aider les hommes dans l'acquisition et la maturation de leur foi, il faut des messagers fidèles et dévoués au service de Dieu et de son peuple ; Mr WAMBO se réclame de ceux-là et exhorte les prêtres et les séminaristes à en faire autant Rapport de BAYALOULA A. M.Et KENTIA B.
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